Gros plan sur les questions politiques : Universalisation de l’éducation primaire en Ouganda
Alex Ndeezi (MP)
Universalisation de l’éducation primaire en Ouganda débuta en 1996 dans la tête du petit président Yoweri Museveni. Ancien maître de conférences à l’université de Dar-es-Salaam, en Tanzanie, Museveni est l’un des dirigeants pragmatiques d’Afrique qui croit en la transformation et en la modernisation de la société à travers l’élimination de l’analphabétisme et à travers l’aide financière comprise dans le programme de l’EPT ; Une modernisation qui peut se faire sans que l’on tienne compte du genre, des personnes handicapées ou de toute autre classification.
En pratique, le programme de Universalisation de l’éducation primaire en Ouganda n’est pas universel, mais possède une tendance réaliste vers l’universalisme. Avant la mise en place de ce programme, la politique était considérablement débattue à différents niveaux, y compris au niveau des institutions éducatives, à celui du cabinet, et à ceux du parlement. D’après ce programme, le gouvernement s’engage à rendre l’enseignement primaire possible pour un maximum de 4 enfants par famille. Afin de se conformer avec les exigences constitutionnelles de l’Ouganda par rapport à l’action affirmative en faveur des groupes marginaux, 2 enfants sur 4 doivent être des filles dans le cas où la famille aurait des enfants des deux sexes. De plus, si une famille a un enfant handicapé, on doit lui accorder la plus grande des priorités dans son inscription scolaire, toujours selon ce même programme.
Le gouvernement paye les frais d’inscription pour les enfants. Il pourvoit aussi aux bourses destinées aux matériaux d’enseignement, aux activités telles que le sport, et à la gestion et au financement de l’eau et de l’électricité.
A la fin du mois de septembre 1999, six millions et demi d’enfants âgés entre 6 et 15 ans s’étaient inscrits à l’école primaire, ce qui représente un tiers de la population totale d’Ouganda. Le nombre total d’inscriptions de tous les enfants a triplé depuis 1996 et l’inscription des enfants handicapés dont presque la moitié sont des filles, a quadruplé.
Ce que nous avons réalisé jusqu’à présent
- L’augmentation des taux d’inscription, comme précédemment évoqué ;
- Le programme a aidé à jeter la lumière sur les nombreux défis qu’est de rendre l’enseignement accessible à tout le monde, et tout particulièrement sur ceux d’en permettre l’accès aux enfants handicapés.
- L’augmentation de fonds pour les écoles primaires.
- Des taux d’analphabétisme réduits, particulièrement parmi les enfants handicapés.
- L’augmentation de fournitures de fabrication de matériaux pédagogiques pour les écoles. Une plus grande prise de conscience des besoins scolaires des enfants ayant des handicaps, comme par exemple le besoin plus grand du langage des signes.
Les défis
- Les politiques soulignent l’aspect traditionnel dans l’acceptation de toutes les catégories d’enfants. Les enfants sourds ne bénéficient pas encore beaucoup de ce projet.
- L’accent est mis sur les écoles de jour – les enfants qui ont des handicaps visuels et physiques trouvent ces écoles extrêmement loin pour s’y rendre et pour rentrer chez eux tous les jours.
- L’aide mobile comme par exemple les béquilles, les chaises roulantes et les sièges en rotin blanc ne sont pas inclus dans le programme. Ni ne l’est non plus un environnement adapté aux besoins des enfants handicapés, et ceci dans la plupart des écoles où l’on se rend.
- Les professeurs d’ éducation spécialisée dans des endroits qui nécessitent un enseignement pour les enfants sourds, qui nécessite de connaître le langage des signes et de savoir parer aux problèmes mentaux et visuels sont inadéquats et inexistants dans la plupart des écoles primaires.
- Les salles de classe sont toujours trop surpeuplées. Dans certains endroits les cours ont lieu sous des manguiers.
- Le programme a été critiqué et caractérisé de ” myope “. Il n’explique pas ce qui arrivera aux milliers d’enfants après qu’ils avaient fini le cycle du primaire.
- La proportion actuelle d’enseignant pour un enfant est de 1:110. Ce rapport est très élevé et n’incite pas à l’apprentissage à proprement parler ni à un bon niveau. Avec cette proportion, les enfants handicapés aux besoins spécifiques se font avaler par des classes surchargées.
- Les attitudes négatives de la plupart des professeurs envers les enfants handicapés sont, à de nombreux égards, toujours un obstacle au succès du bon fonctionnement du programme.
- Ce projet est devenu presque trop onéreux à fonctionner parce qu’il manque des fonds de la part du gouvernement. Cela a abouti au fait que nous avons demandé une aide financière à des donateurs. Toutefois, ceux-ci acceptent souvent à leurs conditions, ce qui peut ne pas être entièrement dans l’intérêt du programme.
Les perspectives d’avenir
- Des efforts sont en train d’être entrepris afin de construire des unités spéciales au sein d’écoles classiques, efforts qui pourvoiraient aux besoins des enfants qui doivent bénéficier d’un apprentissage spécialisé. Cependant, il y a toujours ce besoin de construire davantage d’établissements spécialisés comme par exemple pour les enfants sourds.
- Il y a un besoin de bourses spéciales pour enfants handicapés afin de leur permettre d’acquérir de l’aide mobile et d’autres formes de matériaux d’apprentissage spécialisés.
- Le Ministère de l’Education a déjà émis une directive qui stipule que les nouveaux bâtiments en construction avaient un emplacement réservé à l’accès des enfants handicapés. Certaines écoles ont déjà commencé à mettre cette directive en place.
Enfin, et non des moindres, même si le programme de universalisation de l’éducation primaire en Ouganda ” a ses inconvénients, il a été salué dans le monde entier comme un programme merveilleux, comme un reflet d’un engagement politique pour l’EPT, et un exemple de comment les pays les plus pauvres du monde, tel que l’Ouganda peut éradiquer un analphabétisme répandu et multiplier les ressources humaines par le moyen d’un enseignement financièrement accessible.
Alex Ndeezi est le premier membre du parlement ougandais sourd. Il est aussi président de l’association nationale Ougandaise pour les sourds. On peut le joindre à l’adresse suivante : PO Box 7339, Kampala, Uganda. Tel :+256 (0)41 27 25 63