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Education pour tous, Serbie

Anupam Ahuja

Dans le passé, en Serbie, les enfants handicapés ont été séparés. Un nombre alarmant de ces enfants n’est inclus dans aucune forme d’éducation publique. Une analyse récente de l’Unicef de tout le système éducatif de la République Fédérale de Yougoslavie a démontré que seuls un pour cent d’enfants handicapés préscolaires sont activement inclus dans une forme quelconque d’éducation.

Un objectif-clé en Serbie aujourd’hui est l’amélioration de la question de l’éducation pour tous les enfants. Assurer l’égalité des opportunités, la pleine participation, la vie indépendante et l’autosuffisance économique pour tous est un élément essentiel de la politique nationale. Le Plan d’Action Serbe pour les Enfants, un document stratégique du gouvernement, est élaboré pour aider à éliminer toute forme de discrimination contre les enfants. Le Ministère de l’Education et des Sports a planifié des mesures spéciales pour appuyer l’inscription et réduire le taux d’abandon. L’objectif de ce plan est aussi d’accroître le pourcentage d’enfants de la population Roma et des enfants ayant des difficultés de croissance à terminer l’éducation primaire d’ici 2007.

Le système spécial d’éducation opère parallèlement à, et sans coordination avec, le système général d’éducation. La Commission de Classification (une évaluation médicale) décide des placements éducationnels et de la possible institutionnalisation des enfants handicapés. La participation des parents est limitée. L’outil principal pour déterminer l’éducabilité d’un enfant est le test de quotient intellectuel (QI) qui n’identifie pas les forces d’un enfant. Les enfants avec des défis socio émotionnels et comportementaux sont pris en charge par les psychologues scolaires, mais il n’y a pas de suivi organisé dans l’environnement plus large de l’école. Les attitudes négatives envers les étudiants handicapés prévalent. Les enfants sont placés dans des institutions résidentielles et reçoivent un éducation de faible qualité, ou pas d’éducation du tout. Les groupes minoritaires, spécialement les Roma, sont sérieusement surreprésentés dans ces écoles et classes spéciales. L’éducation des éducateurs spéciaux est surtout fondée sur le model médical d’handicap. L’accessibilité en général, l’accès à l’information en particulier, pour les étudiants handicapés est limité. La législation actuelle concernant les enfants handicapés est sérieusement inadaptée. La formation professionnelle et l’éducation supérieure des personnes handicapées ont été négligées aussi bien dans la législation que dans la pratique.

Malgré les défis de politique et pratiques liés à la réalisation d’une éducation de qualité pour tous les enfants, il y a eu une évolution de la prise en charge séparée institutionnalisée vers une pratique éducative plus inclusive et plus réceptive. Ceci est dû à un mouvement récent de réforme de l’éducation, la nécessité de remplir des obligations internationales, et des programmes pilotes de promotion de pratiques inclusives. De plus, les histoires de succès individuels comme celle de Danijela ont inspiré et encouragé.

Renforcer les capacités pour appuyer la pratique de l’Education Inclusive
Save the Children UK (SC UK) est en train d’appuyer les efforts nationaux et locaux à travers une combinaison de travail pratique, de recherche, de plaidoyer et d’implication politique directe. En mars 2005, SC UK a organisé une formation de cinq jours, utilisant le ‘Pack de Ressource d’Education de l’Enseignant : les Besoins Spéciaux en classe’ de l’UNICEF. Parmi les participants, il y avait les employés du Ministère de l’Education et des Sports, les universités, les écoles maternelles et primaires, les écoles spécialisées, les centres de santé et SC UK, aussi bien que les psychologues et les défectologues.

La méthodologie était centrée sur la résolution de problème et le partage d’expérience qui sont fondamentalement liées à la philosophie de l’éducation inclusive. Une variété de méthodes d’apprentissage actif a été utilisée pour démontrer les changements nécessaires pour s’occuper des besoins individuels et planifier pour tout le cours.

Il a été décidé que les enseignants formés constitueraient une équipe noyau et appuieraient l’innovation au niveau de l’école. Il y aura un petit fonds d’innovation pour les écoles pilotes. L’équipe noyau et le staff de l’école du programme pilote de SC UK à Subotica se soutiendra collectivement.

Anupam Ahuja est une consultante indépendante qui a travaillé récemment avec SC UK en Serbie. Elle est membre fondateur de EENET Asie. Cf. p16 pour ses contacts.

Un Jardin d’Enfants adapté à Tous les Enfants : programme inclusif dans les institutions préscolaires à Kula et Novi Pazar.
Rapport Final 2003 – 2004

SC UK est en train de metre en oeuvre des projets visant les enfants handicapés en Serbie et Montenegro depuis septembre 1996. Ce rapport parle de la mise en œuvre du projet, les difficultés rencontrées, et les suggestions pour un travail futur. Pour obtenir ce rapport, vous voudrez bien contacter :
Ms. Dusanka Gacic Bradic
Save the Children UK Serbia Office
Ljutice Bogdana 20
11000 Belgrade
Serbia and Montenegro
Email: d.gacic@scfukbdg.org.yu

 

L’histoire de Danijela

Danijela Vukovic, conseiller au Ministère de l’Education et des Sports, décrit son périple à travers le système éducatif Serbe.

Mon accouchement a été très difficile et épuisant ; de longues heures de travail, de peine et de lutte. Le personnel médical a été confronté à un accouchement compliqué et risqué, et j’y ai survécu avec des conséquences à vie – paralysie cérébrale. Les conséquences devinrent une évidence pour mes parents quand je fus âgée de deux ans, à travers ma manière de parler et de marcher. Cependant, au fur et à mesure que je grandissais, ils ont constaté que j’étais prompte à saisir les nouvelles idées, analyser les situations et que j’avais une bonne mémoire.

Consciente de mes capacités mentales, ma mère (une enseignante) insista pour que je sois incluse dans la communauté et que j’étudie avec les enfants sans besoins spéciaux. Je fus inscrite dans un jardin d’enfants régulier. Bien sûr, ceci a été précédé de plusieurs discussions avec le directeur de l’école, les psychologues et les éducateurs. Cette procédure compliquée n’avait pas été nécessaire pour mon jeune frère qui lui était, selon eux, ‘un enfant en bonne santé. ‘ Ce qui sous-entend que j’étais malade… mais comment, je ne l’ai jamais vraiment compris.

Aussi loin que je me souviens, j’ai beaucoup aimé aller au jardin d’enfants et je m’y suis sentie à l’aise. J’ai pleinement participé à l’apprentissage et j’ai chanté et récité aux fêtes scolaires. Mes parents ont maintenu un contact très proche avec mes enseignants et je n’ai jamais senti que ma lenteur parler et à marcher (mes soi-disant handicaps) n’ont jamais gêné les autres enfants. Mes camarades de jeux me connaissaient bien et m’ont toujours attribué un rôle dans leurs jeux. J’ai toujours participé à toutes les activités sur un pied d’égalité.

A l’approche de l’école primaire, mes parents ont dû déployer des efforts supplémentaires pour convaincre les autorités de m’autoriser à fréquenter une école régulière. Une fois encore, j’ai eu la chance que ma mère soit une enseignante. Elle était familiarisée avec les termes, procédures et manières de traiter les problèmes des enfants qui sont différents. Je fus testées, diagnostiquée et soumise à des bilans de santés qui semblaient sans fin. Ma mère a essayé de gérer toutes les opinions et questions : “Voit-elle un thérapeute du langage ? Sera-t-elle capable de se débrouiller seule ? Les autres enfants seront… peut-être que les autres parents vont…” Tout ceci pour trouver l’enseignant(e) qui m’accepterait dans sa classe.

Au lycée, j’ai étudié, écrit, dessiné et fait tous mes exercices scolaires comme les autres enfants. Bien sûr, mes faibles notes en éducation physique étaient directement liées à mes difficultés motrices. Cela dépendait de la bonne volonté de mes professeurs, de comment ils tolèrerait ça et me permettraient de démontrer mes compétences dans d’autres domaines. J’ai été confrontée à des situations telles que :

  • ‘Ne chante pas, tu chantes faux, tais-toi!’
  • ‘Marche plus vite, je n’ai pas tout le temps du monde !’
  • ‘Tu dois toujours aller à ces thérapies – aies toujours un œil sur la montre !’
  • ‘Va t-en je ne veux plus te regarder !’
  • ‘Oui je t’ai toujours donné des notes faibles parce que ta mère travaille dans l’école, pour que les autre enfants ne soient pas jaloux de toi.’

Il y a eu des professeurs qui ont apprécié mes efforts et ma capacité à persévérer. Et il y a eu des gens qui éprouvaient du mépris envers moi et ne se mélangeaient pas avec moi sauf quand ils sont obligés : ils n’ont jamais eu connaissance de mes compétences et de mes capacités.

A l’école secondaire, je me suis habituée aux conditions inégales de scolarisation : ma bonne performance à l’examen a rendu certains camarades de classe fiers de moi pendant que d’autres enviaient mes notes. J’étais maintenant capable de trouver des moyens d’établir la communication. J’ai appris que participer activement en classe en utilisant des phrases courtes m’aidait à montrer ma compréhension et mes connaissances. Ceci donnait à mes professeurs une rétroaction régulière sur mon apprentissage et les aidait à m’évaluer et à m’aider pour mes examens. Le décès prématuré de mon père a affaibli ma résistance et ma volonté mais j’ai terminé le cours secondaire avec des notes élevées.

Avec les tests d’admission à l’université et les examens suivants, j’ai encore une fois dû prouver mes capacités et convaincre que je dois être autorisée à étudier avec les autres étudiants. La Commission, après maintes persuasions, fit une seule provision et m’autorisa à passer un dernier examen oral de graduation.

Bien que je désirais vivement continuer ma formation, je ne voulais plus que ma scolarisation dépende de mes efforts constants à prouver mes capacités et de la ‘bienveillance’ des autorités. Je détestais entendre : ‘votre cas a été présenté à la Commission et maintenant ils…’ Je me demande pourquoi je suis toujours un cas pour eux !

Après mon diplôme, j’ai décidé d’arrêter ma formation. Ma vie continue et je suis témoin d’histoires de conditions de vie inégales pour des personnes comme moi. Des personnes avec des défis s’efforcent encore de s’ajuster à des gens qui n’ont pas de défi à relever et de s’intégrer dans leur monde ; et – vous devez le reconnaître- ce n’est pas une tâche facile.

Contact Danijela Vukovic by email: daniela_gpp@yahoo.com