Tribune: Infirmité, inclusion et éducation
En Août 2005, une rencontre est prévue aux Nations Unies à New York pour discuter du Projet de Convention relative à ‘la Promotion et la Protection des Droits et de la Dignité des Personnes Infirmes’. L’Article 17 propose que les enfants doivent avoir le droit à une éducation séparée. Ceci défie la possibilité d’assurer un droit universel à l’éducation inclusive. Le débat s’intensifie! Au même moment il y a un autre débat sur la nécessité de faire de l’éducation inclusive une réalité pour tous les enfants – pas uniquement pour ceux identifiés comme infirmes. Els Heijnen et Richard Rieser expriment leur point de vue….
L’éducation inclusive ne concerne pas uniquement l’infirmité!
Els Heijnen
L’éducation inclusive ne doit jamais se limiter à rechercher ou à voir les apprenants ayant des infirmités ou des ‘besoins spéciaux’ (ce qui tend à devenir une nouvelle étiquette négative).
Il semble que dans l’Ouest (d’où je suis originaire) l’inclusion concerne uniquement les questions d’infirmité. Les infirmes sont-ils les seuls enfants marginalises, stéréotypés, écartés, exclus du ou dans le système, à cause d’une manque d’opportunités d’éducation inclusives et réceptives basées sur des droits égaux ?
Je suis contre la séparation et je ne crois pas réellement à l’éducation spéciale. Mais nous devrions nous rendre compte qu’il peut y avoir des enfants qui ne veulent pas être inclus dans le système d’éducation principal et ce droit de choisir doit aussi être respecté. Je me demande vraiment si nous avons besoin d’une Convention des Nations Unies sur les droits des personnes infirmes. Est-ce cela toute la signification de l’inclusion ? Ceci n’est-il pas plutôt un plaidoyer séparatiste et mal placé ? Inclure tout le monde sans tenir compte de leurs différences ou diversité implique qu’ils font partie d’un courant de lois nationales et internationales. Ne devrions-nous pas défier les conventions existantes et contribuer à les développer en des conventions plus inclusives et basées sur l’égalité des droits humains – tout en incluant la différence et la diversité du genre humain?
Je refuse de croire ou d’accepter que l’éducation inclusive concerne uniquement l’infirmité. J’ai vu trop d’autres enfants marginalisés, stéréotypés et exclus. En Asie du Sud, il y a beaucoup de groupes différents d’apprenants exclus du système principal. Ou quand ils y sont, ils ne sont pas intégrés en termes d’égalité de droits et d’opportunités de participation et d’apprentissage optimal.
J’ai travaillé avec des organisations comme l’UNESCO, Save the Children, Action Aid, UNICEF, et en coopération avec des ministères de l’éducation. De mon expérience, certains des groupes suivants sont confrontés à l’exclusion de et dans l’éducation : les filles (et de plus en plus de garçons en tant que groupes), les enfants travailleurs, les enfants de la rue, les enfants issus de familles à noyau dur de pauvreté (rural/urbain), les enfants de zones éloignées, les enfants de familles migrantes, les enfants affectés/infectés par le VIH/SIDA, les enfants des professionnels du sexe, les enfants de familles bohémiennes/gitanes, les enfants de colonies de balayeurs, les enfants de différents castes, classes sociales, groupes ethniques ou linguistiques minoritaires, etc.
Contact: heijnen@druknet.bt
L’Alliance Globale pour l’Education Inclusive
Richard Rieser
Cette nouvelle alliance a été installée à la 3ème Conférence de Dialogue Nord-Sud sur l’Education Inclusive à New Delhi en Mars 2005. ce fut l’aboutissement de plusieurs années de travail entre le Centre National de Ressources pour l’Inclusion à Mumbai en Inde, CIDA Canada et UNICEF. L’alliance réunit les personnes handicapées, les parents, les professionnels de l’éducation et les universitaires pour échanger sur les pratiques et mises en œuvres de l’éducation inclusive.
L’Alliance Globale et les trois conférences ont toujours considéré l’éducation inclusive comme incluant tous les groupes exclus. Cependant, le plus grand groupe d’enfants systématiquement exclus de l’éducation sont les enfants handicapés. Par conséquent, l’Alliance croit que c’est important que ceux qui ont l’expérience de l’exclusion aient le leadership du movement de l’inclusion.
Le choix d’une éducation séparée est une illusion. Dans un système vraiment inclusif, les barrières sont systématiquement supprimées pour répondre aux besoins de tous les apprenants. Parce que l’handicap est une des grandes forces d’exclusion dans le monde, nous avons besoin d’une Convention des Nations Unies qui établit les mêmes droits pour les personnes handicapées que ceux qui existent pour toute autre personne. La Proposition de convention, et l’article 17 en particulier [qui met l’accent sur l’éducation], ne peut présenter la séparation comme un droit humain quand c’est un déni des droits de l’homme !
Contact: GLOBALALLIANCE21@yahooe.com or r.rieser@diseed.org.uk
Pour toute information sur la proposition de Convention de Nations Unies, voir www.un.org/esa/socdev/enable/rights/adhoccom.htm